Romain Olivier, au pays de l’or noir

Romain Olivier au pays de l'or noir

C'est bien connu : une société qui n'avance pas recule. Dans un contexte économique pas franchement enthousiasmant, cette maxime prend toute sa dimension. Chez les Olivier, fromagers de père en fils, on n'aime pas l'immobilisme. Après Philippe, qui a exporté ses fromages er sa passion aux quatre coins de l'Europe et jusqu'aux pays du Soleil Levant, c'est au tour du fiston Romain, english oblige, de s'y coller et d'attaquer le marché de l'or noir via le Qatar, un pays qui veut faire du tourisme haut de gamme sa deuxième richesse.

Romain, comment a germé cette idée d'attaquer le marché du Golfe persique ?

C'est une suite logique dans notre quête d'exporter nos produits artisanaux, notre savoir-faire. Il se retrouve que le Qatar et d'autres pays du Moyen-Orient veulent développer le tourisme haut de gamme et de la nourriture en rapport. C'est un marché important parce que ça construit à tout-va-là-bas. C'est vraiment impressionnant. A terme, on sait que le gaz naturel, la richesse du pays, va décroitre. Les Quataris veulent devenir un paradis fiscal et une terre de tourisme de top niveau.

Où vos pas d'ambassadeur de la maison Olivier vous ont-ils mené ?

Fin mai, à Doha (Qatar), se tenait le "festival of fine dining" qui met en scene tous les produits de la gastronomie française, mais également internationale. Les spécialistes du caviar, de la langouste, des cigares, du champagne, des desserts... avaient donc rendez-vous au Ritz-Cralton, le palace où tout se joue à Doha. Ce ne sont bien entendu pas les autochtones qui sont la clientèle visée, mais les restaurants. Dans cette région du monde entre Doha, Dubai, Barhein et Abbu Dabbi, le marché devrait concerner d'ici cinq ans cinquante restaurants haut de gamme.

Est-ce assez rentable pour organiser des exportations régulières ?

Dans un premier temps, on teste. Reste qu'il faut sans cesse prospecter de nouveaux filons parce que ce genre de démarche cadre parfaitement avec notre philosophie commerciale et notamment ce besoin de faire découvrir les bons côtés de la France. Là-bas, nous avons la chance d'avoir mes chefs et donc d'expliquer notre démarche de qualité. Dans le Royaume)Uni, ces échanges, vitaux pour mon père et moi, se perdent. C'est un peu notre coté philanthropique, mais il n'y a rien à faire : c'est toujours le côté passionnel le moteur principal. Vous savez, quand vous expliquez comment se repère, s'achète, se travaille un fromage, vous sentez les gens captivés. Vous vendez un produit qui a une vie. Et ça, les gens aiment bien. Pour résumer, la perpective est double : le développement commercial et l'aventure humaine.

Comment allez-vous acheminer vos produits ?

Les Quataris, très inspirés des méthodes anglo-saxonnes, sont très à cheval sur la traçabilité. Nous avons donc un relais dans la région pour traduire en anglais et en arabe. Ensuite, nous envisageons l'ouverture de deux magasins : un au Ritz-Carlton et un autre à Dubai.

Ca fait cher du crottin, non ?

C'est une notion qui n'a pas beaucoup d'importance là-bas. Rien n'est dans la norme. Par exemple, les voitures de sécurité de l'aéroport sont toutes des BMW série 7. Pour acheminer nos produits c'est du très rapide : J+2 de Boulogne grâce à l'avion. Globalement, compte tenu du prix important du transport, le prix du fromage est multiplié par deux.

Quels sont les formes les plus goûtées ?

Les chèvres ont la cote, mais hormis les fromages à base d'alcool soumis à la réglementation en vigueur, avec quarantaine obligatoire, on met en vente la palette traditionnelle.

Que vous a apporté le Festival de Doha ?

Nous étions deux régionaux parmi les Nationaux, avec la maison Meert à Lille. Nous avons fini deuxième meilleur exposant. C'est une belle récompense et un gage de confiance pour l'avenir.

Et la prochaine étape ?

Ce sera en début d'année, à Dubai, avec un festival qui concernera le Qatar, Abbu Dabbi, et le Koweit.

Philippe Olivier réalise 45% de son chiffre d'affaire à l'export. Il vend ses fromages, affinés dans les caves boulonnaises, dans les pays suivants : Royaume-uni, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Italie, Autriche, Danemark, Suède, Suisse, Espagne, mais également le Japon, Singapour, et Tahiti. Philippe Olivier est arrivé à Boulogne en 1974. Son père tenait une épicerie fine à Dieppe. L'épicerie familiale, tradition normande, revenant au plus âgé, il a été prié par le père d'aller exercer ses talents ailleurs.

Réalisé par La Voix du Nord

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